Le dernier amour d'Attila Kiss
Julia Kerninon
Le Rouergue
Cabossé par ses propres échecs, Attila Kiss vivote à Budapest après avoir tout plaqué. À 51 ans, il trie des poussins dans une fabrique de foie gras la nuit et peint le reste du temps, contemplant avec amertume sa Hongrie livrée au tourisme. Attila Kiss n'attend plus grand chose de la vie. Dans ce tableau peu reluisant, rien ne le prédestine à croiser Theodora, jeune et bouillonnante Viennoise de 25 ans, riche, lle d'un célèbre chanteur d’opéra. Mais la voilà, l'ennemie héréditaire venue d'Autriche, qui fonce droit sur lui, paisiblement installé à la terrasse d'un café où il ne vient habituellement jamais. Improbable rencontre de deux êtres que tout sépare et que tout oppose, entre lesquels se rejoue l'histoire de leurs pays après-guerre, celle des vainqueurs et des vaincus. Rien ne les prédestine ni l'un ni l'autre à s'aimer. Et pourtant.
Les premières semaines, parce qu’il avait conservé presque intact le rythme de sa vie quotidienne, parce qu’il voyait toujours Theodora sur le territoire balisé de son appartement, et seule à seule, Attila avait eu la sensation d’être en sécurité, de maîtriser la situation,comme un guetteur rassuré de pouvoir embrasser tout l’horizon d’un regard. À aucun moment il n’avait pensé que le danger, quel qu’il soit, pourrait venir de l’intérieur – et pourtant, c’est ce qui arriva.